1983 "Bon ! On y va !! Les gens du pays de Ka t'attendent !"

Dragon Boy, oeuvre plutôt méconnue dans son genre, n'est pas moins qu'un précurseur du manga désormais mythique Dragon Ball ! Créé en 1983 et paru dans le magazine Fresh Jump, ce manga en deux parties d'une quinzaine de pages chacune se présente comme une première approche de l'univers que nous connaitrons dans les 2 premiers volumes de Dragon Ball, à savoir avec des paysages somptueux inspirés de la Chine antique, des scènes d'arts martiaux d'un genre très soft, un humour sympa qui se démarque pourtant bien de celui de Dr Slump en plein apogée à cette époque-là. Un succès plein d'assurance au Japon, qui confortera Toriyama dans la création d'une oeuvre plus longue.

L'histoire se passe très loin de la ville, dans les montagnes : un vieil ermite vit seul avec son apprenti, le jeune Tang Tong, à qui il donne des préceptes en kung-fu. Un beau jour, Tang Tong reçoit une mission : ramener la princesse de Ka dans son pays à la suite du retour de la paix chez elle. Ce voyage s'avère très mouvementé pour les deux personnages du fait des monstres et autres mauvaises surprises qui les attendent... Cela sans compter la naïveté déconcertante de Tang Tong face aux événements, et notamment face à la princesse elle-même car c'est la première fois qu'il rencontre une fille. Heureusement, Tang Tong possède une boule du dragon qui peut faire appel à un dragon dans les situations périlleuses. Ensemble, il vont connaître le courroux du diable de l'eau, puis la fourberie du démon métamorphosable Bing Yao. Enfin, Tang Tong devra affronter un soldat robot qui leur barre la route sur un pont gigantesque. Mais pour nos héros le pays de Ka est encore loin...

Tang Tong
C'est le héros, un jeune garçon petit mais précocément doué dans les arts martiaux. Physiquement, on est très loin de Sangoku, ce serait plutôt un genre de Tsukutsun de Dr Slump ! Il vivait seul avec son maître, à s'entraîner sans relâche, jusqu'au jour où la mission d'escorter la princesse de Ka lui est confiée. Tang Tong a beau être fort, il ne sait pas y faire avec les filles car il n'en a jamais vu jusque là. Cela va même jusqu'à remettre en cause dans son esprit des questions d'ordre anatomiques !... Tang Tong a été abandonné par ses parents étant petit car il n'est pas tout à fait humain ; en effet, il possède des ailes de dragon dans son dos ! Pratique mais insuffisant face aux monstres qui vont lui être opposés. Tang Tong est également très naïf et honnête. C'est en tout point le portrait craché de Sangoku.

La princesse de Ka
On pourrait la comparer à Bulma : elle est très riche du fait de son statut, elle aime son petit confort, elle a tendance à priviligier sa volonté plutôt que celle des autres. Elle est du genre capricieuse et peu attentionée. On pourrait croire que malgré la place qu'elle occupe, sa rencontre avec un esprit aussi humble que celui de Tang Tong la tranformerait, mais en fait non. Et par dessus le marché, elle finit par se faire pipi dessus. ^v^

Le vieux maître
Le précepteur de Tang Tong, aussi bien dans le domaine de l'ascétisme que celui des arts martiaux, mais aussi en ce qui concerne les bonnes manières, car il est le tuteur de Tang Tong qui a été abandonné dès son plus jeune âge. On le voit apparaître au début du manga debut sur le Kinto-un, le nuage légendaire provenant des légendes chinoises dont s'est inspiré l'auteur.

Le diable de l'eau
Cet individu pour le moins moche apparaît alors que Tang Tong et la princesse, assoiffés par leur longue marche, tentent de puiser de l'eau au fond d'un puits. Il tue toutes les personnes qui sont attirées par l'eau. Tang Tong a quelques difficultés pour en venir à bout, car il résiste assez bien aux coups ; il faut absolument faire diversion et l'attaquer par surprise en pleine poire. Pour cela, rien de tel qu'une attaque aérienne, dont Tang Tong espère profiter au moyen du fameux dragon de la boule que lui a donné son maître. Mais ce dragon minuscule s'avère incapable de faire quoi que ce soit, alors Tang Tong est obligé d'utiliser sa botte secrète : ses ailes de dragon.

Bing Yao
C'est un démon capable de se métamorphoser en ce qu'il désire, anonyme en réalité. Il se transforme d'abord en Bing Yao, un jeune voyageur, pour mieux pouvoir voler une boule de riz à la princesse. Menacé par Tang Tong, il s'enfuit, mais revient par la suite pour mettre en garde nos amis au sujet du robot. Il les aide par la suite, même la princesse qui s'est pissée dessus, mais hélas il ne peut se tranformer que 3 minutes comme Ultraman...

Le soldat robot
Ce robot actif depuis plus de cent ans joue le rôle de gardien sur un gigantesque pont. Son maître avait dû certainement lui ordonner d'empêcher toute personne de le franchir, mais malgré sa mort il reste encore opérationnel. Pour Tang Tong, c'est pas de la tarte ! Mais ils arrivent à désactiver le robot grâce à la ruse du petit démon Bing Yao, décidément très malin depuis le début de l'histoire.

Haa ! Quelle émotion de lire cette histoire qui a tant conditionné le début de Dragon Ball ! Ce qui marque le plus ici (et certainement pour la première fois dans l'univers de Toriyama), plus encore que les décors ou le scénario, ce sont les personnages. Caricaturés à l'extrème, ils se démarquent vraiment par leur comportement et leurs propos : jamais encore nous n'avions eu droit à un personnage aussi attachant que Tang Tong. En somme, on s'attache aux personnages, à leur esprit, et c'est cela qui fait qu'on accroche à l'histoire. Par ailleurs, Dragon Boy soulève le premier une question fondamentale dans la psychologie enfantine : la différence morphologique entre les deux sexes. Bien sûr cela peut faire rire, mais c'est avec franchise et humour que la situation nous est présentée ici. Il en résulte une chose : derrière sa légendaire timidité, Toriyama n'hésite plus à soulever les sujets qui dérangent, même au point de voir s'indigner ses propres personnages !

Alors bien entendu, vu la date de réalisation (1983), comprenez que le style est très rond, proche de Dr Slump, ce qui pousse plus loin encore la caricature. En dépit de cela, les décors sont absoluments superbes, le travail n'a pas été baclé, contrairement à ce que l'auteur pourrait nous faire croire. ;-P Quant au scénario, il est simple mais extrémement bien trouvé. Cette oeuvre introduit pour la première fois le kung-fu, à l'époque grand intérêt de l'auteur inspiré par les films de et avec Jackie Chan.

En résumé, Dragon Boy entre dans la cour des grands, avec un scénario sommaire mais réel, un véritable intérêt artistique, culturel et psychologique. Quelques pages de bonheur dans l'ombre du contemporain Dr Slump.

Ce que Dragon Ball doit à Dragon Boy
• Le héros, jeune, petit, naïf, humble, spécialiste de kung-fu.
• La fille qui l'accompagne, riche, capricieuse, caractérielle, distinguée.
• Les décors influencés par les paysages de Chine antique.
• Kinto-un, le nuage magique.
• La boule du dragon, qui fait apparaître un dragon.
• Le personnage de Plume, équivalent de Bing Yao.
• Le robot pirate (D. Ball vol. 6) qui ressemble au robot soldat.