Ce manga n'aurait jamais vu le jour si Toriyama n'avait pas fait ses preuves avant. En effet, après la publication de L'Inspecteur Tomato (1979) et le début du fameux Dr Slump (1980), les lecteurs japonais du magazine Shônen Jump (où toutes les oeuvres de Toriyama ont paru depuis toujours) ont commencé à vraiment apprécier son humour. Pour cette raison, ils l'ont nommé parmi les 10 meilleurs manga-kas de 1980. Un concours du magazine propose à ces 10 meilleurs de réaliser une manga de 40~50 pages, puis les lecteurs votent et les classent... C'est donc grâce à sa nomination que Toriyama a réalisé Pola & Roid ; le problème est qu'il n'avait pas l'habitude de réaliser 40 pages d'un coup ! La création a donc été la galère pour lui, mais pourtant Pola & Roid a été classé 1er, par un coup de chance pense l'auteur ! Cette victoire, outre lui offrant un voyage en Suisse, confirme la réussite de Toriyama dans le vaste univers du manga.
C'est la première histoire à se passer sur plusieurs planètes. La justicière Pola veut combattre l'empereur Gagambo qui sème la terreur sur la planète Kongaragatta, mais elle a du mal à s'y rendre à travers le désert avec ses affaires. Elle appelle donc un taxi interplanétaire : c'est Roïd, qui est bien content de se barrer de sa planète artificielle, Yakandagaya, et de rencontrer une autre fille canon. Mais en arrivant, son avion est détruit par un acolyte de Gaganbo. Pola, son robot et lui doivent donc marcher. Le lendemain, Gagambo lance une attaque contre eux, mais il est défait. Roïd récupère alors un vaisseau ; deux gorilles pris en otages lui demandent de les ramener sur Terre, ce qui lui permet aussi de s'y rendre avec Pola... sauf qu'une fausse manip' les fait voyager dans le temps, et ils sont bloqués sur Terre à l'époque préhistorique. Encore une histoire qui se termine bien !
Pola
"Elle va vivre longtemps celle-là." a dit son robot. Et il est vrai qu'elle est très insouciante, à vouloir attaquer à elle seule une armée entière. Sauf que mine de rien, quand on voit la force des sbires de Gagambo, on comprend qu'elle n'est pas si folle. Comme justicière, elle n'est pas très honnète (elle vole un passant pour payer le taxi). Elle tombe sous le charme de Roïd qu'elle veut épouser aussitôt ! A la fin, elle se fait passer pour Aralé pour faire fuir le roi Niko-chan. C'est à cause d'elle que la fin est naze !
Roïd
C'est donc un taxi qui assure des déplacements entre planètes avec un avion. Pas mal ! Il voudrait retourner sur Terre car sur Yakandagaya il n'y a que des robots et des monstres, et pas de jeunes filles mignones... Car Roïd est célibataire, et il y a comme un manque chez lui ! C'est pour cela qu'il vole au service de Pola, sans se douter qu'elle ne serait qu'une fillette peu intéressante pour lui (et même quelque peu ennuyeuse). Dépassé par la puissance ridicule de l'armée de Gagambo, il est convaincu de pouvoir choper un vaisseau à son QG. Et effectivement, c'est ce qu'il obtient. Heureusement qu'il a lu
Dr Slump ! (C'est une pub audacieuse...)
Le robot de Pola
C'est en quelque sorte la machine à penser de Pola ; sans lui, elle n'arriverait à rien de rien. Ses fonctions sont multiples : informer, prendre des photos (décidément encore une allusion au Polaroïd), passer un coup de fil. Bien qu'il ait des pinces, il n'attaque pas vraiment ; c'est un robot de compagnie. Ses pinces servent surtout à la propulsion. (Comme vous le voyez, je fais encore du remplissage !)
Gagambo
Dark Vador n'a rien à lui envier ! C'est le plus maléfique empereur vivant sur ... la planète de Pola, comment s'appelle-t-elle déjà ? Ha oui, Kongaragatta. (Le copier-coller tu connais Deb ? X->) Il dispose d'un pouvoir extraordinaire, surprenant, incroyable (ou plus incrédible !) : faire tomber un crayon par le psychisme !!! Pouvoir tout aussi sérieux que sa montre Aralé ou son casque tête-de-mouche... En fait, il est terrible parce que personne ne veut le combattre, mais un bon flingue suffit.
Les sbires de Gagambo
Avec leur aspect de mouche, il ne sont guère menaçants, mais leur résitance est des plus grandes : un coup de poing suffit à en finir avec eux. Ils ressemblent à l'autoportrait de l'auteur en robot.
Pata Pata le dragon
Pour lui, je préconise un coup de marteau en plastoc, vous savez ceux rose et vert qui couinent ! ;-D Sérieusement, c'est toujours comme ça avec Toriyama : l'apparence du perso ne dit rien sur ce qu'il est. Et là, Pola s'en débarrasse facilement alors qu'il voulait la dévorer, Roïd et elle. Mais que voulez-vous, tous les habitants de Kongaragatta sont plutôt faibles...
Le crabe
...hé bien pas lui ! Il accorde la vie sauve à Pola et Roïd, à la condition que ces derniers gagnent à pierre-feuille-ciseaux. Le piège est qu'il dispose d'une pince cachée pour faire la feuille et battre ceux qui feraient la pierre en espérant battre ses pinces "ciseaux". Roïd évite cependant de tomber dans le panneau : il fait les ciseaux... Le crabe se voit donc contraint de se retirer.
Le roi Niko-chan et son serviteur
Non, je ne me suis pas gouré de page web. (Rien ne vous empêche toutefois d'aller consulter la rubrique
Dr Slump) Ces deux idiots apparaissent bien dans
Pola & Roid, en attaquant les héros au cours de leur approche de la Terre. Comme Roïd a lu
Dr Slump, Pola se déguise en Aralé pour leur faire peur.
Les gorilles (Adam & Eve ?!)
Ils ont été retenus en otage par Gagambo, et comme le souligne Roïd, ils ne devaient pas être bien forts. Ils se font ramener sur Terre par Pola et Roïd, et ils y restent à l'époque préhistorique. On apprend à la fin qu'il s'agit d'Adam et Eve : intention de l'auteur ou traduction ? Mystère.
C'est, on peut le dire, la première histoire de Toriyama où il y a une intrigue, des héros et des méchants sérieux. En encore c'est pas encore ça ! Le scénario tombe vite à l'eau, pour céder place à la dérision. La preuve, on voit des personnages de Dr Slump à la fin. D'un autre côté, c'est pas étonnant : c'est grâce à Aralé que Toriyama a figuré parmi les 10 meilleurs dessinateurs, donc il s'est dit que l'ajouter dans l'histoire ferait plaisir aux lecteurs, ce qui a été le cas vu la victoire du manga devant les 9 autres ; moi, en tout cas, j'ai bien ri avec l'épisode du roi Niko-chan.
On remarque cependant que cette histoire a été bouclée à la va-vite. Déjà, elle a été entièrement dessinée au feutre, et il y a quelques bavures (comme sur l'image ci-contre) ce qui change des dessins à la plume impeccables que l'on connait. De plus, le scénario est un peu délaissé sur les dernières pages. On voit presque notre pauvre auteur courir désespérément jusqu'à l'aéroport de Nagoya pour expédier ses planches à la dernière minute.
Sinon, d'un point de vue stylistique, ce manga est très proche des premiers volumes de Dr Slump : tous les éléments sont de formes relativement simples, sans un excès de détails. Le trait épais renforce cette impression.
Bon, je ne vais pas perdre du temps et des lignes en vous disant que le titre de ce manga parodie une marque d'appareil photo ultraconnue, vous le savez. Vous savez aussi d'où provient le roi Niko-chan et Aralé, inutile de s'attarder dessus.
Ben alors vous savez tout ! Au lit ! :)
